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Tout Dostoievski, c’était tout, c’était fou… 

Salle comble jeudi dernier à la salle Denise-Éparvier où une centaine de personnes se sont laissé raconter en version très condensée deux romans de Fiodor Dostoievski, Crime et Châtiment et les Frères Karamazov. Si on ne rit pas beaucoup avec le maître russe… dans la salle revisitée en cabaret, on ne s’en privera pas ! Retour sur une folle soirée de la Comédie nomade à Pélussin…

Avec sa voix douce, légèrement enrouée, et un gros micro-cravate qui l’entrave un peu, Emmanuel Vérité alias Charlie, se révèle bavard, et quelque peu encyclopédique. Il en a des choses à dire ! Passé maître dans l’art de la dérision, cet énergumène sorti tout droit de l’imagination de Benoît Lambert – auteur de la pièce et par ailleurs directeur de la Comédie de Saint-Étienne – ne cache pas son « admiration mêlée de crainte pour l’œuvre du grand romancier russe ». 

Une folle envie de (re) lire tout Dostoievski

Pour commencer, avec Crime et Châtiment, Charlie convoque le malheur et la misère et tente de comprendre le meurtre commis par Raskolnikov, principal personnage du roman. Puis, à travers les Frères Karamazov, il explore les terrains du doute, de la foi et de la morale. Dans les deux cas, pour Charlie, « le mal absolu n’est qu’un repoussoir qui fait apparaître la beauté du monde ». Et de nous asséner sa vérité : « Dieu existe, même si tu n’y crois pas et, Dostoievski, il t’explique très bien pourquoi… » À ce moment de la soirée, on s’emballe et on se promet de (re) lire tout Dosto.

Car Charlie déborde d’énergie. Il apostrophe le public, offre bonbons et cadeaux de pacotille, distribue des verres de vodka et trinque avec tout le monde. Son théâtre respecte les codes du seul-en-scène avec trois fois rien : une table et quelques accessoires lui suffisent pour embarquer le public au cœur de l’œuvre d’un grand maître de la littérature russe et, au-delà, pour explorer notre propre intimité.  

Mais le temps passe plus vite qu’on ne le voudrait… On approche de la fin, et la pièce glisse en intensité avec la mort du petit Aliocha. L’émotion est profonde et partagée. Le silence se fait lourd, on ne rit plus… Soudain, tout fait sens.  « Y’a toujours un moment dans ta vie, où dans ta tête, c’est Dostoievski ». Tout Dostoievski. Merci Charlie.